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Yannick Le Saux : « Pour un Breton, le soleil c'est l'ennemi ! »

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Bon alors comme ça tu bosses pour la caravane Cochonou du Tour de France ?
Ouais ! C'est la deuxième année que je fais ça, toujours dans la même caravane, toujours au même poste, toujours dans la même 2 CV.

Et il consiste en quoi, ton boulot ?
Je suis debout dans une 2 CV pickup, la première de la caravane, et mon boulot c'est animateur. Je suis sonorisé sur les six autres 2 CV, donc j'anime sur environ 200, 250 mètres de caravane.

J'imagine que si t'as remis ça cette année, c'est que ça doit te plaire ?
Ah oui totalement. Même si c'est crevant, usant, fatigant, tout ce que tu veux, mais c'est bien « bandant » aussi. Là on sort des étapes de montagne et c'est… (pause) Pfff, c'est de l'adrénaline pure, tu prends vraiment ton pied.

Comment on postule à ce genre de poste ?
Perso ça faisait déjà pas mal d'années que je voulais faire ça. Les trois premières années, j'ai tenté le piston par des potes mais ça n'a pas fonctionné alors je me suis démerdé tout seul. J'en avais vraiment envie, et dans cette caravane en particulier parce que je voulais allier mes deux passions : l'animation et la 2 CV.

La 2 CV ??
Oui, pour te dire je suis même président d'un club de 2 CV à Vannes et passionné de ce bicylindre depuis des années et des années. Donc là être juché sur un modèle pickup avec une sono, c'est parfait.

Faut une formation pour être speaker dans la caravane ?
Pas vraiment, mais j'ai eu droit à une réunion d'information pour connaître toute la gamme des produits Cochonou et savoir ce qu'il faut dire. Après, une fois qu'on a parlé du saucisson, c'est « free », je dis ce que je veux. Le but, c'est d'amuser les gens. Le truc c'est que quand la caravane est passée, les gens se disent : « Putain Cochonou quand même, c'est chouette. »

J'imagine que le bob Cochonou contribue aussi à vous faire bien voir…
Ah bah évidemment, le bob c'est un collector ! C'est l'objet publicitaire numéro 1 de la caravane, un accessoire capillaire qui se porte toute l'année !

Le public est sympa ? Toujours ? Partout ?
Ouais carrément, dans la grande majorité c'est toujours un super accueil. En Corse au départ, on avait quelques inquiétudes, parce qu'ils ont une charcuterie locale dont ils sont très fiers… Mais en fait non, non, aucun problème. La 2 CV y est pour beaucoup aussi, elle rend les gens souriants.

Elle passe partout la deudeuche ? Même en montagne au milieu de la foule ?
Ouais, même si je te cache pas que parfois c'est chaud. Nous on est obligé de faire comme les coureurs : pas de pause, surtout pas. Parce qu'en montagne c'est des connaisseurs les mecs sur les bords des routes, ils savent qu'on distribue LE bob. Etant donné que tout le monde le veut, t'as intérêt à faire gaffe. Quand les deuches s'arrêtent ne serait-ce que quelques secondes, on est mal parce qu'elles sont vite entourées et là c'est pas bon. A moi dans ce cas de calmer les esprits. En tout cas d'essayer. Parfois on n'est pas loin de l'émeute.

Le fait d'avoir toujours la même musique et le même texte à dire, c'est pas trop saoulant ?
Ah si quand même ! La boucle fait six minutes, donc toutes les six minutes, t'as la même musique qui revient. Sur 4 ou 5 heures de temps, ça revient vite hein (rires). Mais bon, faut jouer avec, s'adapter. Moi je te dis, j'essaie au maximum de jouer avec les gens. Il y a ce qu'il y a à dire sur la marque et les produits mais autrement on s'amuse, on organise des jeux, des « Jacques a dit », ce genre, ce qui fait que la musique, à un moment, on s'en rend même plus compte.

Tu avais déjà de l'expérience en la matière ?
Oui, puisqu'après ma retraite sportive (en 1999, NDR), j'ai fait pas mal d'animations commerciales et en radio : sur France Bleu, Europe 2 et RMC Info. Donc j'ai toujours été à l'aise avec un micro. Vaut mieux quand même !

Par contre, être debout dans une 2 CV en plein cagnard comme ce week-end, ça doit pas être facile…
Ah ouais, surtout pour un Breton comme moi. Le soleil, c'est l'ennemi ! Y a des fois, je suis pas bien. Mais là on est remonté au nord aujourd'hui (lundi, NDR) avec la journée de repos, on n'est pas loin de la Bretagne. Bon il fait chaud aussi mais il y a un petit vent. On a gagné quelques degrés ça fait du bien. Enfin, « gagner » dans mon sens. Il fait moins chaud quoi !

Niveau horaires, ça donne quoi ?
Alors là, vaut mieux pas compter. Je compte pas, d'ailleurs. Mais globalement on commence vers 6h30, 7h et le soir, le temps de ranger le matos et bichonner les deuches, on passe à table il est 8h30, 9h.

L'ambiance est bonne au sein de la caravane ?
A Cochonou, on est une trentaine et y a une super ambiance. Ça fait un peu colonie de vacances, pour situer. Les jeunes qui cherchent un boulot d'été, y a pas mieux. On voit toute la France en trois semaines, c'est magnifique. Et puis à Cochonou je sais qu'on est bien vu puisque nos produits sont prisés dans les petits échanges du matin. Beaucoup viennent récupérer quelques sachets de saucisson avant de prendre la route.

Avec la fatigue, vous prenez quand même le temps de faire la fête ?
On est obligé d'être calme pour tenir le rythme trois semaines. Plus que ça même, on y est depuis le mardi d'avant Tour, donc quasi un mois. Moi j'ai 48 ans, donc quand même faut que je me ménage. Mais traditionnellement, il y a une grosse fête d'organisée par ASO à l'arrivée à Paris. Et là je peux te dire que c'est quelque chose !

Comme ex-joueur pro de football, comment définirais-tu l'ambiance du cyclisme ?
Je peux pas trop te dire parce que nous dans la caravane, on est un peu dans notre monde. Les vélos, on les voit pas tellement. Cette année pour l'instant, j'ai vu le peloton deux fois, c'est déjà pas mal parce qu'on dégage rapidement la ligne d'arrivée. On part deux heures avant les cyclistes, on arrive une heure avant. Là par exemple, je sais même pas qui est maillot jaune.

C'est Froome.
Ah. Bon d'accord. Et le maillot à pois c'est toujours Pierre Rolland ?

Oui.
Bien. Je suis un fan.

Venons-en au foot : tu suis toujours ?
Oui forcément, puisque je travaille maintenant comme opérateur LSM pour une entreprise sous-traitante de la Ligue. Je fais des ralentis avec les images que je reçois en direct des matchs, je fais les génériques, les résumés pour la mi-temps, pour la fin du match… C'est bien, c'est un travail dans l'urgence, je retrouve un peu l'adrénaline de quand j'étais joueur, j'ai besoin de ça.

Tu suis les clubs bretons surtout j'imagine ?
Oui, et pour avoir vu pas mal de matchs quand même la saison dernière, je trouve que c'est toujours Lorient qui produit le plus beau jeu dans le coin. Guingamp aussi, j'ai vu quelques-uns de leurs matchs, c'est pas mal du tout. Tiens d'ailleurs je travaille au Roudourou le 10 août pour la première journée face à Marseille.

Propos recueillis par Régis Delanoë

crédit photo: Bloody

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