C'était écrit d'avance, cette étape était pour lui. Surmotivé par la perspective de porter le maillot jaune, l'un des derniers qui manquent à son palmarès, Mark Cavendish était censé mettre tout le monde d'accord cette après-midi. Oh, il y en a bien quelques-uns qui ont tenté de changer le scénario de cette étape promise aux sprinteurs. Un petit groupe de cinq, pour être plus précis. Mais Jérôme Cousin (Europcar), Juan Antonio Flecha (Vacansoleil), Juan José Lobato del Valle (Euskaltel), Cyril Lemoine (Sojasun) et Lars Boom (Belkin) n'y ont jamais cru. Avec un écart max de 4'02, les échappés du jour ont surtout fait du tourisme pour ce tout premier passage du Tour en Corse.
Après une petite boucle autour de Porto-Vecchio, Christian Prudhomme avait réservé un parcours de carte postale pour les 198 courageux. C'était d'ailleurs le but de l'étape, avouons-le. La Corse, la côte, la mer Tyrrhénienne, Napoléon, I Muvrini et tout le tintouin. À part ça, l'étape s'avère, comme prévu, assez monotone. Sans l'accent mazamétain de Laurent Jalabert, on a même cru un instant qu'on n'était pas en train de regarder le Tour. Mais à 13h48, le premier « instant Jean-Paul Ollivier » de ce 100ème Tour dédié aux magnifiques Aiguilles de Bavella (sur fond de musique lounge et cris de cigale) rassure immédiatement : la Grande Boucle est de retour. Après avoir expliqué que la tête de Maure du drapeau corse tirait ses origines des rois d'Aragon et avait été adopté définitivement par la légende corse Pasquale Paoli en 1762, « Paulo la science » redonne la parole à la course.
Le petit jeu du chat et de la souris entre le peloton et les cinq baroudeurs continue de plus belle. En tête du peloton depuis le début de la journée et préposé au rôle de chien de garde de Cavendish chez Omega-Pharma, Jérôme Pineau finit par recevoir (enfin) du renfort vers 16 heures. L'approche du sprint intermédiaire de San Giuliano à 60 bornes de l'arrivée permet en effet aux Cannondale de Peter Sagan de se montrer aux avant-postes et d'exhiber leur splendide tunique vert fluo, sans aucun doute destinée à éblouir les adversaires. À la lutte pour le maillot vert, Sagan bouffe Cavendish sur la ligne mais se fait devancer par Greipel. Très costaud le Gorille de Rostock sur ce coup-là... Mais la vraie explication est pour plus tard. Certains poids lourds comme Kittel et Degenkolb ont d'ailleurs décidé de zapper cet effort superficiel.
La barre des 40 derniers kilomètres marque le vrai début de l'étape. Une fois les cinq insolents avalés sans aucune pitié, le peloton s'anime et tout le monde veut placer son leader. Radioshack et Saxo Bank se montrent enfin. Après tout on ne sait jamais, une cassure après un rond-point est si vite arrivée... Pas vrai, Alberto ? Mais ce n'est visiblement pas assez animé pour Johnny Hoogerland, qui décide d'amuser la galerie en se vautrant dans un panneau publicitaire. Elle est là, la première chute de la course. Décidément, Johnny et le Tour... Le Hollandais a inspiré quelques collègues puisque cinq minutes plus tard, une autre bannière publicitaire provoque une deuxième chute collective. Ryder Hesjedal, mal placé, goûte le bitume et repart à toute berzingue pour recoller au peloton.
À 12 kilomètres de la flamme rouge (et donc à 13 kilomètres de l'arrivée, vous suivez?), Thierry Adam s'emballe : « Alors là on va vous montrer une image ! Ah non, non, pas encore... ». L'image en question viendra quelques minutes plus tard. Ces cons d'Orica-GreenEdge ont planté leur bus (trop grand, apparemment) devant la ligne d'arrivée et n'arrivent pas à le dégager ! Léger souci : le peloton roule à bloc et sera là dans quelques minutes. On annonce une arrivée jugée à trois kilomètres, puis on parvient enfin à bouger le bus. Dans la foulée, une troisième chute collective envoie un paquet de coureurs à terre, dont Peter Sagan. Au revoir le maillot Jaune. Greipel, pas plus verni, crève quelques mètres plus loin. Grand favori de l'étape, Mark Cavendish n'est plus là. Putain de chute... Un mini-peloton se forme pour les trois derniers kilomètres. Argos-Shimano joue la carte Kittel et Degenkolb se sacrifie pour mener le train. Sur la ligne, le grand Marcel devance le Norvégien Kristoff d'une bonne roue, lève les bras et enfile le Maillot Jaune (et le blanc). Cavendish et Sagan ont raté leur coup. Pour Alberto Contador, touché à la clavicule et arrivé en retard, le Tour s'annonce d'ores et déjà... corsé.
Par Benjamin Jeanjean
Après une petite boucle autour de Porto-Vecchio, Christian Prudhomme avait réservé un parcours de carte postale pour les 198 courageux. C'était d'ailleurs le but de l'étape, avouons-le. La Corse, la côte, la mer Tyrrhénienne, Napoléon, I Muvrini et tout le tintouin. À part ça, l'étape s'avère, comme prévu, assez monotone. Sans l'accent mazamétain de Laurent Jalabert, on a même cru un instant qu'on n'était pas en train de regarder le Tour. Mais à 13h48, le premier « instant Jean-Paul Ollivier » de ce 100ème Tour dédié aux magnifiques Aiguilles de Bavella (sur fond de musique lounge et cris de cigale) rassure immédiatement : la Grande Boucle est de retour. Après avoir expliqué que la tête de Maure du drapeau corse tirait ses origines des rois d'Aragon et avait été adopté définitivement par la légende corse Pasquale Paoli en 1762, « Paulo la science » redonne la parole à la course.
Le petit jeu du chat et de la souris entre le peloton et les cinq baroudeurs continue de plus belle. En tête du peloton depuis le début de la journée et préposé au rôle de chien de garde de Cavendish chez Omega-Pharma, Jérôme Pineau finit par recevoir (enfin) du renfort vers 16 heures. L'approche du sprint intermédiaire de San Giuliano à 60 bornes de l'arrivée permet en effet aux Cannondale de Peter Sagan de se montrer aux avant-postes et d'exhiber leur splendide tunique vert fluo, sans aucun doute destinée à éblouir les adversaires. À la lutte pour le maillot vert, Sagan bouffe Cavendish sur la ligne mais se fait devancer par Greipel. Très costaud le Gorille de Rostock sur ce coup-là... Mais la vraie explication est pour plus tard. Certains poids lourds comme Kittel et Degenkolb ont d'ailleurs décidé de zapper cet effort superficiel.
La barre des 40 derniers kilomètres marque le vrai début de l'étape. Une fois les cinq insolents avalés sans aucune pitié, le peloton s'anime et tout le monde veut placer son leader. Radioshack et Saxo Bank se montrent enfin. Après tout on ne sait jamais, une cassure après un rond-point est si vite arrivée... Pas vrai, Alberto ? Mais ce n'est visiblement pas assez animé pour Johnny Hoogerland, qui décide d'amuser la galerie en se vautrant dans un panneau publicitaire. Elle est là, la première chute de la course. Décidément, Johnny et le Tour... Le Hollandais a inspiré quelques collègues puisque cinq minutes plus tard, une autre bannière publicitaire provoque une deuxième chute collective. Ryder Hesjedal, mal placé, goûte le bitume et repart à toute berzingue pour recoller au peloton.
À 12 kilomètres de la flamme rouge (et donc à 13 kilomètres de l'arrivée, vous suivez?), Thierry Adam s'emballe : « Alors là on va vous montrer une image ! Ah non, non, pas encore... ». L'image en question viendra quelques minutes plus tard. Ces cons d'Orica-GreenEdge ont planté leur bus (trop grand, apparemment) devant la ligne d'arrivée et n'arrivent pas à le dégager ! Léger souci : le peloton roule à bloc et sera là dans quelques minutes. On annonce une arrivée jugée à trois kilomètres, puis on parvient enfin à bouger le bus. Dans la foulée, une troisième chute collective envoie un paquet de coureurs à terre, dont Peter Sagan. Au revoir le maillot Jaune. Greipel, pas plus verni, crève quelques mètres plus loin. Grand favori de l'étape, Mark Cavendish n'est plus là. Putain de chute... Un mini-peloton se forme pour les trois derniers kilomètres. Argos-Shimano joue la carte Kittel et Degenkolb se sacrifie pour mener le train. Sur la ligne, le grand Marcel devance le Norvégien Kristoff d'une bonne roue, lève les bras et enfile le Maillot Jaune (et le blanc). Cavendish et Sagan ont raté leur coup. Pour Alberto Contador, touché à la clavicule et arrivé en retard, le Tour s'annonce d'ores et déjà... corsé.
Par Benjamin Jeanjean