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Froome, le coup d'état permanent .

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« Je suis capable de gagner le Tour, mais pas chez Sky ». Dans une interview parue ce dimanche dans L'Equipe, le second de l'écurie britannique sert la soupe, goût équipier modèle et gloire personnelle sacrifiée. Il calcule surtout plus vite qu'une Casio : « Wiggins me le rendra. (...) L'année prochaine, s'il y a des cols, j'espère que la Sky sera honnête et que tous les équipiers se mettront à mon service ». Le White Kenyan ronge nerveusement son frein dans les cols, donnant l'impression de pouvoir lâcher Wiggins à sa guise, comme à la Toussuire. Froome réintègre Wiggins dans le groupe des favoris, enroule un gros braquet et accélère… alors que son leader ne suit plus. Le coureur impatient veut montrer qui est le plus fort quand la pente s'élève. L'oreillette et la hiérarchie imposée par Sean Yates ramènent un Froome facile et aérien à plus de mesure, malgré des jambes de feu. D'autant qu'il avait fait passer la Planche des Belles Filles pour une vulgaire colline, et fait deux lors du contre-la-montre, en devançant les spécialistes Fabian Cancellara et Tony Martin, certes poissard… Surnommé Froomdog pour sa dévotion affichée à son leader, il laisse tout de même Jalabert perplexe : « Comment peut-on développer une telle puissance dans l'exercice du contre-la-montre et avoir si peu de masse musculaire? ».

« Il n'avait pas de culture vélo »

Né à Nairobi il y a 27 ans dans une famille anglaise originaire de Brighton, Christopher passe son enfance au contact de la savane: « Je vivais sur mon vélo ». Les études l'orienteront vers l'Afrique du Sud, où il découvre que le vélo est un vrai sport, VTT ou non. Catalogué grimpeur, il est repéré et soutenu financièrement par le Centre mondial du cyclisme, un organe qui pouponne des jeunes tombés dans une fédération pas franchement argentée. Froome représente le Kenya dans plusieurs épreuves comme les Jeux du Commonwealth. Sans être transcendant non plus, aux dires de son formateur au CMC, Michel Thèze: « Il venait chez nous pour franchir un cap, un tremplin vers le monde professionnel, il était même assez pressé. Honnêtement, il n'avait pas tellement de culture vélo et il tombait très souvent ». Mais il affichait déjà des aptitudes hors-normes : « Il avait une marge de progression énorme. Ses tests physiologiques, réalisés au Centre, montraient qu'il avait une des plus grosses VO2, la plus grosse puissance ».

Le lieutenant impatient dégote une place dans l'équipe sudaf' Konica-Minolta en 2007 et arpente les routes européennes. Il décroche même un contrat en fin d'année avec l'écurie professionnelle de son pote Robert Hunter, la Barloworld. Il grattera une 20ème place d'un chrono sur le Tour mais se retrouve sur le carreau comme son équipe en fin de saison. La team Sky remet sur l'asphalte le chômeur, fait de lui un citoyen britannique avec passeport et l'astreint à de nouvelles méthodes d'entraînement (stage intensif dans les Canaries avec des astronomes, collaboration avec des ingénieurs de F1) où il repousse ses limites. Rapidement, les résultats tombent. En 2011, il crève l'écran sur la Vuelta, remporte une étape, porte le dossard rouge et secoue déjà l'ordre établi. Wiggins ira même jusqu'à l'affranchir pour qu'il aille jouer la gagne face au très très louche Cobo Acebo. Sans réussite.

La hiérarchie se fait à la pédale

Des lieutenants ambitieux, le Tour en a déjà croisés. En 1985, Greg LeMond voulait se payer le Blaireau. Ulrich a coincé ses hanches pour ne pas taper son leader Bjarne Riis alors que dernièrement, la cohabitation malsaine chez Astana Armstrong/Contador avait rappelé dans ces circonstances une règle fondamentale pour les champions qui se respectent : la hiérarchie se fait toujours à la pédale, sur la route. Aujourd'hui, Froomdog ne veut pas gagner le Tour. Et Wiggins peut lui dire merci.

Par Théophile Leroy

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