Le pays de Roland
Le Tour quitte le pays cathare pour rallier celui de Roland. Pas de Pierre Rolland, le grimpeur prometteur du Loiret, mais de la chanson. C'est dans cette région que le chevalier Roland, fidèle de Charlemagne, fit résonner son cor et perdit la vie à la bataille de Ronceveaux pour stopper l'avancée maure. Selon la légende, on entend parfois les échos de son olifant résonner encore entre les vallées pyrénéennes. En tout cas, aujourd'hui on entend que les encouragements des spectateurs euphoriques. L'Aude et l'Ariège sont les deux départements traversés. Les pentes du port de Lers et du Mur de Péguère attendent avec impatience le peloton pour modifier la hiérarchie. Le Mur, inédit sur le Tour, porte bien son nom puisqu'il présente les pourcentages les plus importants de l'épreuve : 16 à 18% dans les trois derniers kilomètres. En début de journée, les fiefs cathares balisent la route sèche et rocailleuse de cette région pyrénéenne et JP Ollivier fait le job. L'échappée du jour est constituée de 11 hommes qui comptent un quart d'heure d'avance à 75 km de la ligne. Deux Rabobank en font partie, soit la moitié de l'équipe néerlandaise restante. Si aucun des coureurs n'est dangereux au général, Luis Léon Sanchez, Philippe Gilbert, Sérgio Paulinho, Sandy Casar et Peter Sagan sont les membres de renom de ce groupe et sont accompagnés par Vorganov, Gautier, Kruijswijk et Izaguirre.
Sagan en chasse
Déçu de sa défaite dans son mano à mano face au gorille de Rostock hier, Peter Sagan, tout de vert vêtu, prend la fuite et part à la chasse aux points. En prenant l'échappée, Sagan démontre sa polyvalence, tel un Hushovd, et sa volonté de porter le maillot PMU jusqu'aux Champs. Il casse la ligne du sprint intermédiaire le premier et inscrit 20 points. Greipel est écoeuré. Le Slovaque frappe un grand coup aujourd'hui dans cette lutte entre sprinteurs. Un maillot vert à l'avant dans une étape montagneuse : bluffant. Et c'est pas fini.
Cavendish en gregario
Le champion du monde se plie au collectif huilé de la Sky. Il se mue en porte-bidons et abreuve son leader jaune. Le Cav' fait le travail comme équipier. La course aux points est terminée pour lui mais il continue la course pour affronter les Pyrénées et épauler du mieux qu'il peut Bradley Wiggins. Pas aussi bien que Froome cependant, mais le geste est élégant de la part d'un coureur de la trempe du Cav'. Et comme d'hab, la Sky roule en tête. C'est l'image de ce Tour de France. Sean Yates, le manager, est confiant : « Je ne pense pas qu'Evans ou Nibali attaquera aujourd'hui. Ce sera une étape sans bagarre ». À l'inverse, Stefano Zapata, son homologue à la Liquigas, promet du spectacle avec son accent chantant : « Vincenzo va se montrer offensif dans les montées et il fera les descentes à bloc ». Surprenant, Eisel, l'habitué du gruppetto, mène la troupe pour limiter l'écart mais on sent bien que l'échappée va aller au bout. Les favoris restent groupés, effrayés par cette météo. Il faudra revenir mercredi avec l'étape reine de ce Tour avec l'enchaînement Aubisque, Tourmalet, Aspin, Peyresourde pour voir du spectacle.
Le peloton en roue libre
Tandis que le peloton traverse les petits villages ariègeois sur des routes étroites, le mauvais temps commence. La pluie, de plus en plus insistante, trempe la route et les coureurs. Les fuyards, eux, continuent de collaborer avec efficacité et franchissent le port de Lers. Un incident mécanique ralentit Cyril Gautier, échappé. Il doit maintenant batailler seul pour revenir dans le groupe emmené par Gilbert et part en chasse-patate. La descente est rendue dangereuse par la pluie puis par la grêle. Le coureur d'Europcar réussit à réintégrer la formation au pied du Mur de Péguère. Dans l'ascension, Kresweg imprime le rythme ouvre la porte pour son coéquipier Sanchez calé dans sa roue. L'Espagnol change de braquet et accélère, Gilbert, Izaguirre et Casar arrivent à suivre. Sagan s'accroche mais est proche de la rupture. Les cinq basculent unis dans la descente. Cependant, Casar, en bon descendeur, fait sécession et part tout seul. Peter Sagan, qui vise maintenant la victoire d'étape, prend des trajectoires parfaites, digne d'un Valentino Rossi et fait la jonction entre le Français et les poursuivants.
Rolland l'indifférent et l'affaire des punaises
En file indienne, la Sky fait la montée du mur avec Cavendish en tête. C'est dire si ça roule pas vite du côté du peloton. C'en est trop pour la Lotto qui sonne la fin de la récré et emmène désormais le troupeau. Jurgen Van Den Broeck a une idée derrière la tête. Mais Evans est le premier à ouvrir les hostilités. Il démarre rapidement et les cadors se retrouvent en tête de meute. Rapidement, les coéquipiers de Wiggins réagissent et calment tout le monde. Sous la bannière qui matérialise le sommet du mur, Evans crève et met pied à terre. Il attend sur la chaussée une voiture BMC qui ne viendra jamais. L'Australien s'énerve et arrête son coéquipier Burghard pour lui ravir son vélo. Celui-ci est crevé également. Evans fulmine avec son vélo sans roue arrière. Finalement, il est dépanné mais l'affaire lui a coûté deux minutes. Malchanceux, le leader de la BMC s'arrêtera encore deux fois. Toute la BMC se relaie pour le ramener dans le groupe Maillot Jaune. Fair-play, le peloton l'attend mais Pierre Rolland, plein de malices, met le feu aux poudres en sortant du groupe maillot jaune alors qu'une hécatombe de crevaisons touche les cyclistes. Des punaises sont retrouvées sur l'asphalte. Une blague qui ne fait pas rire les directeurs sportifs. Une trentaine de coureurs ont crevé en moins d'un kilomètre. Wiggins crève également mais reste lucide. Un équipier le ramène dans le troupeau qui a levé le pied sous l'impulsion de la Sky.
Comme à chaque Foix
Pierre Rolland sorti, Jalabert tente de le dédouaner : « Il n'avait pas ses oreillettes sans doute. Il est parti sans savoir ». Heureusement pour lui, Rolland est ravalé par la meute. A l'arrivée, il se déclare déçu d'être accusé d'opportunisme et s'en défend. Pour la victoire d'étape, Sanchez fait le trou à 11 km de l'arrivée et ses rivaux restent cloués. Le coureur de la Rabobank persévère. Excellent dans l'exercice solitaire, Sanchez se dirige tout droit vers son quatrième succès sur le Tour. Il passe sous la flamme rouge avec 40'' d'avance. Il jubile, se signe et pointe ses doigts vers le ciel. Il dédicace sa victoire à son frère défunt. Comme à chaque fois. Et Sagan est là pour empêcher Sandy Casar de faire deux comme à chaque fois.
Par Théophile Leroy
Le Tour quitte le pays cathare pour rallier celui de Roland. Pas de Pierre Rolland, le grimpeur prometteur du Loiret, mais de la chanson. C'est dans cette région que le chevalier Roland, fidèle de Charlemagne, fit résonner son cor et perdit la vie à la bataille de Ronceveaux pour stopper l'avancée maure. Selon la légende, on entend parfois les échos de son olifant résonner encore entre les vallées pyrénéennes. En tout cas, aujourd'hui on entend que les encouragements des spectateurs euphoriques. L'Aude et l'Ariège sont les deux départements traversés. Les pentes du port de Lers et du Mur de Péguère attendent avec impatience le peloton pour modifier la hiérarchie. Le Mur, inédit sur le Tour, porte bien son nom puisqu'il présente les pourcentages les plus importants de l'épreuve : 16 à 18% dans les trois derniers kilomètres. En début de journée, les fiefs cathares balisent la route sèche et rocailleuse de cette région pyrénéenne et JP Ollivier fait le job. L'échappée du jour est constituée de 11 hommes qui comptent un quart d'heure d'avance à 75 km de la ligne. Deux Rabobank en font partie, soit la moitié de l'équipe néerlandaise restante. Si aucun des coureurs n'est dangereux au général, Luis Léon Sanchez, Philippe Gilbert, Sérgio Paulinho, Sandy Casar et Peter Sagan sont les membres de renom de ce groupe et sont accompagnés par Vorganov, Gautier, Kruijswijk et Izaguirre.
Sagan en chasse
Déçu de sa défaite dans son mano à mano face au gorille de Rostock hier, Peter Sagan, tout de vert vêtu, prend la fuite et part à la chasse aux points. En prenant l'échappée, Sagan démontre sa polyvalence, tel un Hushovd, et sa volonté de porter le maillot PMU jusqu'aux Champs. Il casse la ligne du sprint intermédiaire le premier et inscrit 20 points. Greipel est écoeuré. Le Slovaque frappe un grand coup aujourd'hui dans cette lutte entre sprinteurs. Un maillot vert à l'avant dans une étape montagneuse : bluffant. Et c'est pas fini.
Cavendish en gregario
Le champion du monde se plie au collectif huilé de la Sky. Il se mue en porte-bidons et abreuve son leader jaune. Le Cav' fait le travail comme équipier. La course aux points est terminée pour lui mais il continue la course pour affronter les Pyrénées et épauler du mieux qu'il peut Bradley Wiggins. Pas aussi bien que Froome cependant, mais le geste est élégant de la part d'un coureur de la trempe du Cav'. Et comme d'hab, la Sky roule en tête. C'est l'image de ce Tour de France. Sean Yates, le manager, est confiant : « Je ne pense pas qu'Evans ou Nibali attaquera aujourd'hui. Ce sera une étape sans bagarre ». À l'inverse, Stefano Zapata, son homologue à la Liquigas, promet du spectacle avec son accent chantant : « Vincenzo va se montrer offensif dans les montées et il fera les descentes à bloc ». Surprenant, Eisel, l'habitué du gruppetto, mène la troupe pour limiter l'écart mais on sent bien que l'échappée va aller au bout. Les favoris restent groupés, effrayés par cette météo. Il faudra revenir mercredi avec l'étape reine de ce Tour avec l'enchaînement Aubisque, Tourmalet, Aspin, Peyresourde pour voir du spectacle.
Le peloton en roue libre
Tandis que le peloton traverse les petits villages ariègeois sur des routes étroites, le mauvais temps commence. La pluie, de plus en plus insistante, trempe la route et les coureurs. Les fuyards, eux, continuent de collaborer avec efficacité et franchissent le port de Lers. Un incident mécanique ralentit Cyril Gautier, échappé. Il doit maintenant batailler seul pour revenir dans le groupe emmené par Gilbert et part en chasse-patate. La descente est rendue dangereuse par la pluie puis par la grêle. Le coureur d'Europcar réussit à réintégrer la formation au pied du Mur de Péguère. Dans l'ascension, Kresweg imprime le rythme ouvre la porte pour son coéquipier Sanchez calé dans sa roue. L'Espagnol change de braquet et accélère, Gilbert, Izaguirre et Casar arrivent à suivre. Sagan s'accroche mais est proche de la rupture. Les cinq basculent unis dans la descente. Cependant, Casar, en bon descendeur, fait sécession et part tout seul. Peter Sagan, qui vise maintenant la victoire d'étape, prend des trajectoires parfaites, digne d'un Valentino Rossi et fait la jonction entre le Français et les poursuivants.
Rolland l'indifférent et l'affaire des punaises
En file indienne, la Sky fait la montée du mur avec Cavendish en tête. C'est dire si ça roule pas vite du côté du peloton. C'en est trop pour la Lotto qui sonne la fin de la récré et emmène désormais le troupeau. Jurgen Van Den Broeck a une idée derrière la tête. Mais Evans est le premier à ouvrir les hostilités. Il démarre rapidement et les cadors se retrouvent en tête de meute. Rapidement, les coéquipiers de Wiggins réagissent et calment tout le monde. Sous la bannière qui matérialise le sommet du mur, Evans crève et met pied à terre. Il attend sur la chaussée une voiture BMC qui ne viendra jamais. L'Australien s'énerve et arrête son coéquipier Burghard pour lui ravir son vélo. Celui-ci est crevé également. Evans fulmine avec son vélo sans roue arrière. Finalement, il est dépanné mais l'affaire lui a coûté deux minutes. Malchanceux, le leader de la BMC s'arrêtera encore deux fois. Toute la BMC se relaie pour le ramener dans le groupe Maillot Jaune. Fair-play, le peloton l'attend mais Pierre Rolland, plein de malices, met le feu aux poudres en sortant du groupe maillot jaune alors qu'une hécatombe de crevaisons touche les cyclistes. Des punaises sont retrouvées sur l'asphalte. Une blague qui ne fait pas rire les directeurs sportifs. Une trentaine de coureurs ont crevé en moins d'un kilomètre. Wiggins crève également mais reste lucide. Un équipier le ramène dans le troupeau qui a levé le pied sous l'impulsion de la Sky.
Comme à chaque Foix
Pierre Rolland sorti, Jalabert tente de le dédouaner : « Il n'avait pas ses oreillettes sans doute. Il est parti sans savoir ». Heureusement pour lui, Rolland est ravalé par la meute. A l'arrivée, il se déclare déçu d'être accusé d'opportunisme et s'en défend. Pour la victoire d'étape, Sanchez fait le trou à 11 km de l'arrivée et ses rivaux restent cloués. Le coureur de la Rabobank persévère. Excellent dans l'exercice solitaire, Sanchez se dirige tout droit vers son quatrième succès sur le Tour. Il passe sous la flamme rouge avec 40'' d'avance. Il jubile, se signe et pointe ses doigts vers le ciel. Il dédicace sa victoire à son frère défunt. Comme à chaque fois. Et Sagan est là pour empêcher Sandy Casar de faire deux comme à chaque fois.
Par Théophile Leroy