Intégré au sein du Team Europcar, Francky Giquel aka la Giclette est le mieux placé pour commenter les performances du leader du Tour de France.
Voir Voeckler en jaune, forcément, ça doit te faire quelque chose non ?
Je suis fier parce que pour le coup, c'est du travail d'équipe. Après, je ne veux pas me lancer des fleurs, mais j'y suis quand même pour beaucoup. Au quotidien, c'est du coaching mental, du briefing et puis on s'est aussi appuyé sur cette faculté d'avoir un leadership en alternance. Le lundi, c'est Voeckler et le mardi, il peut se mettre en retrait parce que je prends la main. C'est nouveau, c'est américain comme méthode. En fait, ma belle sœur a été à Disneyworld, et elle m'a tout raconté.
Comment tu décrirais tes relations avec « Ti blanc » ?
Il y a de la rivalité et de l'envie. C'est normal, car lui a déjà tout montré, il sait qu'il ne peut plus monter alors que moi je suis en devenir, et ça, il en a parfaitement conscience. Bon, on s'apprécie mais je pense que cette situation le travaille. Il pourrait être plus détendu sur le Tour. Regarde, il a perdu pas mal d'avance au classement général, c'est dommage.
C'est peut-être dû au fait que vos méthodes sont assez différentes.
Elles sont radicalement différentes, car Thomas utilise des techniques antillaises. C'est très... comment dire, exotique. On n'a jamais entendu parler de management à la créole, hein ? Donc ça marche peut-être dans les îles, mais pas sur le Tour de France.
Comment s'est passée ton intégration au sein du team avec le staff ?
Au top, notamment avec l'équipe gastronomique. Eux, ils avaient des a priori sur mon hygiène. Ils ont vu quelqu'un qui aimait le bien vivre et le bien manger. Bon, eux, ils sont plus dans tout ce qui est graine. Mais avec ce qui s'est passé en Allemagne, j'ai très vite mis le holà. Je leur ai dit de suivre certains de mes préceptes : matières grasses, sucres lents et alcool rapide. Dans la Sarthe, c'est du Gibolin, mais sinon, je préfère une mixture à base de plante, comme du Génépi.
Tu aurais des recommandations pour les jeunes qui rêvent de suivre ta voie ?
Surtout, ne vous arrêtez pas au physique ! Vous les journalistes, vous vous trompez en pensant que seul le physique prime. Non, tout est permis, tout est possible. D'ailleurs, je suis la preuve vivante d'un contre-courant. Il faut ruer dans les brancards, et puis c'est le strike. Aujourd'hui, on est dans une ère nouvelle, où c'est le plaisir avant tout. Donc je recommande de bien manger, bien sortir, de s'éclater pour se donner à fond. Faut pas se priver, jamais. Ca s'appelle manger la banane par les deux bouts.
Dernière question : on t'a beaucoup vu en coulisses mais finalement assez peu sur un vélo...
Justement, il faut donner beaucoup au public, car c'est lui qui nous porte. Sauf que ça, c'est un travail de l'ombre. Les gens du nord sont d'une rare gentillesse. Danny Boon a raison : j'ai chialé quand je suis arrivé et quand je suis reparti. Bon, au retour, j'ai pleuré parce que je suis allergique aux chats.
Propos recueillis par Thomas Bohbot
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