Dans l'Histoire de la Grande Boucle, certains ont marqué de leur empreintes les routes françaises. D'autres, en revanche, n'ont brillé qu'une seule fois. Un one-shot mémorable et puis plus rien...
1 - Zenon Jaskula
Le Polak est l'exemple parfait de l'homme d'un seul Tour. En l'occurence, le millésime 1993. Alors membre de la GB-MG, le grand blond suit le rythme infernal des Banesto de Miguel Indurain dans les moindres lacets montagneux. Mieux, il s'offre l'étape de Saint-Lary-Soulan et boucle son Tour sur la troisième marche du podium derrière l'Espagnol et Tony Rominger. Un exploit qui restera sans lendemain. Il torchera son Tour 1994 à une merveilleuse 46e place. Le début de la fin. On n'observa plus jamais ses dents écartées en tête de peloton. Un Tour et puis s'en va.
2 - Raimondas Rumsas
Raymond dit la balance. L'homme d'une année. Celle où il aura tout connu. La troisième place finale à Paris (derrière Armstrong et Beloki) après trois semaines de folie. Mais le Lituanien était chargé. Et pas qu'un peu. Alors qu'il vole sur les routes françaises, sa femme se fait choper avec des produits dopants à l'entrée du tunnel du Mont-Blanc. La suspicion est jetée sur le coureur de la Lampre. Celui-ci affirme pourtant :« Je n'ai jamais rien pris, mon Tour est propre. Ces médicaments étaient pour ma belle-mère ». C'est beau la famille.
3 - Piotr Ugrumov
Le divin chauve. Fabriqué à la dure école soviétique, Piotr avait de la Vodka dans les cuisses. Alors qu'il doit se coltiner uniquement des courses amateurs du temps de l'URSS, Ugrumov profite de la chute des Popov pour aller tater le bitume occidental. En 1994, à près de 33 piges, il s'offre la place de dauphin de Miguel Indurain après une fin de Tour en boulet de canon (victoires d'étapes à Cluses et Morzine-Avoriaz). Son crâne dégarni et son sourire soviet ne s'illustreront plus. Deux ans plus tard, il accrochera péniblement un top 10 (7ème place). Toujours ça de pris sur le total des points retraite.
4 - Cyril Dessel
Comme François Simon et son extraordinaire TDF 2001, Dessel boucle l'édition 2006 à la sixième place (avec une journée en jaune en bonus) et le sentiment du devoir accompli. Surtout, on se souvient de son acte de bravoure dans les étapes alpestres où le Français de l'AG2R suit le rythme des costauds et se permet de boucler son Tour devant son coéquipier Christophe Moreau. Mais l'état de grâce n'a duré qu'un été. Un amour de vacances. Fugace et éphémère.
5 - Peter Luttenberger
Autrichien, grimpeur, délit capillaire apparent, dégaine de pistard des 70's, Peter a très vite été affublé du blase de nouveau Tony Rominger. Pour son premier Tour, il solde son compte avec une belle cinquième place sous la liquette de la Carrera lors du dernier Tour de Claudio Chiappucci (1996). Certains y voient une passation de pouvoir entre le fantasque Italien et l'Autrichien réservé. Sauf que la mayonnaise ne prend pas. Sa cinquième place de 96 restera son meilleur score. Il bouclera trois éditions dans le top 20 sans pour autant faire vibrer Radio Tour.
6 - Alvaro Mejia
On y a cru au Colombien à la peau mate. On se disait que Luis Herrera avait un héritier. Surtout que la plèbe s'apprêtait à se prendre d'affection pour le meilleur jeune du Tour 1991. En 1993, avec son escouade Motorola, il boucle la grande boucle à une belle quatrième place tout en déconcentration et ascension maîtrisée. Un coup de pédale sans lendemain. Mejia finira 31ème l'année suivante et bouclera sa carrière avec six petites victoires au compteur. Une misère.
7 - Erik Breukink
C'est un peu le Johan Cruyff du vélo. Beau, talentueux, tactiquement costaud, rouleur, grimpeur, puncheur, bref, un génie. Fin des années 80, le Néerlandais est sur un nuage. Il boucle même le Tour 90 sur le podium avec deux victoires en poche. On se dit que le leader de PDM est le grand monsieur à venir des années 90. Faux, il se rétamera en beauté. On se souviendra surtout de son abandon dans le TDF 91, en même temps que l'ensemble de son équipe PDM, officiellement pour cause d'intoxication alimentaire collective, mais en réalité, en raison d'un dopage à l'EPO mal maîtrisé. Saleté de progrès. Breukink ne s'en remettra jamais. Il finira son histoire de cul avec la Grande Boucle par une 52ème place en 1997.
8 - Bobby Julich
Il fait partie des nombreux lieutenants de mono-couille à s'être émancipé du pouvoir de Lance quand celui-ci était encore un jeune loup chez Motorola. Bobby Julich s'imagine sur la plus haute marche du podium en débarquant chez Cofidis. Il caresse son rêve d'un boyau en 1998 lorsqu'il accroche la troisième place derrière Pantani et Ullrich. Mais le rêve était inaccessible pour l'Américain. Trop gentil, trop fragile, trop quelconque pour être un vrai leader. Surtout, sa troisième place de 98 est galvaudée par l'affaire Festina. Sa performance passe à la trappe. C'est con, il ne refera plus jamais un top 10 dans le TDF.
9 - Urs Zimmermann
Roi du monde en Suisse (champion national, Tour de Suisse etc.), Urs croît en ses chances lorsqu'il boucle le Tour 86 sur la troisième marche. Et pourquoi pas moi se dit-il ? Avec sa dégaine d'officier militaire, Zimmermann avait l'élégance de Rominger. Autrement dit, une tête difforme. Mais sur un vélo, il envoyait du braquet et de l'accélération. Après son exploit de 1986, il traversera l'Histoire du Tour comme un fantôme (3 abandons et une 116è place en 1991). On appelle ça un bide.
10 - Christophe Rinero
La définition même du coureur d'un Tour. Dans les tourmentes de l'affaire Festina, le petit grimpeur de la Cofidis s'offre une quatrième place finale et un maillot à pois. Ses autres Tours ? 115e, 79e, 92e, 41e et 77e. Une grille Loto.
Par Mathieu Faure
[Tout ce qu'il faut savoir sur le Tour de France 2011 est dans le hors-série "Pédale!"->http://www.sofoot.com/pedale-hors-serie-andy-schleck-143711-magazine.html]
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